sábado, 7 de agosto de 2010

KAREN KELLY La recette du bonheur

KAREN KELLY
La recette du bonheur
Virginie Roy
Le Journal de Montréal
11-08-2007 | 08h05
Dernière modification : 14-08-2007 | 14h43
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«Il n’est pas tout de vouloir, il faut aussi passer à l’action », lance l’écrivaine Karen Kelly. Selon elle, la clé du bonheur n’est pas aussi simple que le propose Rhonda Byrnes avec le très controversé best-seller Le secret. Mme Kelly réplique fort avec son tout récent livre Le secret du secret.

Le secret de Rhonda Byrnes est censé permettre à ses lecteurs de connaître le bonheur et d’être prospère grâce à la loi de l’attraction.

«Selon elle, nos moindres désirs peuvent devenir réalité si on y croit vraiment», explique la journaliste Karen Kelly.

Passionnée par le sujet, Mme Kelly s’est donc penchée sur les principes scientifiques ou religieux à la base du phénomène.

«J’ai fait des entrevues avec plus de cinquante spécialistes renommés de toutes les sphères de l’activité humaine», dit-elle.

Étant donné le succès phénoménal du Secret aux États-Unis, ce qu’elle a découvert au cours de ses entrevues est surprenant.

THÈSE INCOMPLÈTE

La thèse de Byrnes n’est pas complète, affirme-t-elle. «Le plus important a été oublié. Ça peut même devenir dangereux pour les gens qui pourraient prendre son livre à la lettre», juge-t-elle.

En effet, le positivisme n’est pas toujours de mise selon l’auteure du livre Le secret du secret.

«Si je bois trop et que j’applique la loi de l’attraction de Byrnes, je pourrais alors décider de conduire parce que je suis positive. C’est pourquoi, le négativisme est parfois de mise», explique la journaliste.

Karen Kelly insiste sur le fait que son livre ne veut absolument pas détruire Mme Byrnes.

«C’est une femme très brillante. Je veux simplement que les gens prennent un peu de recule face à son livre. Le secret du secret se veut plutôt un complément par quelques mises au point», dit-elle.

LE SECRET DU SUCCÈS

Karen Kelly s’est demandé pourquoi Le secret avait eu autant de succès. Sa conclusion est fort simple : une question de bon timing.

«La participation des États-Unis à la guerre rend les gens plus sensibles à des promesses comme celle de Byrnes. La population a tendance à se tourner vers la spiritualité ou vers des promesses magiques de bonheur», lance-t-elle.

Mais il est aussi question d’une certaine caractéristique que la plupart des gens partagent. En effet, «les gens aiment penser qu’ils n’ont pas à fournir d’effort pour obtenir quelque chose. Ils veulent une recette magique», dit Karen Kelly.

C’est pourquoi elle a pris la décision de mettre en garde les lecteurs. La recette ne peut pas être aussi simple. «Je crois que Rhonda Byrnes ne pensait pas que son livre allait avoir un tel succès. C’est pourquoi elle n’a pas poussé davantage sa recherche. Je l’ai donc fait pour elle», explique-t-elle.

CHANCE ET HUMOUR

Après avoir parlé avec plusieurs scientifiques, psychologues, docteurs, journalistes et experts de toutes sortes, Karen Kelly en est venu à une recette du bonheur en cinq points. «Mon livre dévoile le vrai secret pour obtenir tout ce que l’on désire», dit-elle.

D’abord, il faut absolument faire quelque chose que l’on aime. Il est ensuite possible de prendre une chance et de passer à l’action.

«Il est aussi primordial d’avoir un bon sens de l’humour. On ne le dira jamais assez: rire est bon pour la santé. Un entourage est aussi un bon moyen d’accéder au bonheur. Il faut aussi être conscient qu’une situation négative peut s’avérer positive à long terme», ajoute-t-elle.

Le secret du secret est un livre crédible qui complète très bien la thèse de Rhonda Byrnes. Avec clarté et doigté, celle-ci arrive à démystifier les «secrets» du plus grand best-seller actuel aux États- Unis. Les scientifiques consultés y sont pertinents et extrêmement intéressants. Un petit livre qui se lit rapidement… pour la tête et l’esprit.

EXTRAITS

Le Secret s’inscrit dans le mouvement du bonheur qui existe, sous une forme ou une autre, depuis la naissance des États- Unis. La vie, la liberté et la poursuite du bonheur: les Américains considèrent le bonheur comme un droit inné; ils le recherchent comme ils peuvent et où ils peuvent. Dans un sondage du Pew Research Center, seulement 34% des répondants ont dit se sentir «très heureux», la plupart (50%) se sentant «plutôt heureux» (ce qui signifie qu’ils pourraient l’être davantage), tandis que les autres se sont dits «pas tellement heureux». Rien d’étonnant donc à ce que l’industrie de la croissance personnelle récolte annuellement quelque 9,5 milliards de dollars, selon Market data Enterprises, un cabinet de recherche établi en Floride. Toujours selon ce cabinet, l’un des deux secteurs les plus prometteurs serait celui du coaching personnel, l’autre étant celui du publi-reportage.

Les thèmes de la rédemption et de l’amélioration de soi quemet de l’avant Le Secret sont d'«intérêt universel», déclare Sara Nelson, du magazine Publishers Weekly. «C’est la puissance de la pensée positive écrite en grosses lettres et rendue facile, parce que, telle qu’elle est présentée, il n’est pas nécessaire de la pratiquer toute sa vie. Pratiquez-la pendant 20 minutes et obtenez une BMW. C’est la culture de la croissance personnelle dopée aux amphétamines.»

Les pilules sont également un moyen populaire d’atteindre le bonheur. Dans son numéro de janvier 2007, la revue spécialisée Lawyers and Settlements (dont le slogan «Imaginez-vous gagnant» semble conforme à l’esprit de la loi d’attraction) rapporte que le marché américain des antidépresseurs représente 66% du marché mondial, tandis que le marché européen compte pour 23%, et le reste de la planète (surtout le Japon) 11%. Depuis le lancement de la catégorie de médicaments qui comprend le Prozac et le Paxil, durant les années 1980, le marché a explosé. Selon le magazine, les ventes d’antidépresseurs aux États-Unis, qui représentaient environ 240 millions de dollars en 1985, ont atteint 11,2milliards de dollars entre septembre 2003 et août 2004.

Bien entendu, la pharmacologie ayant ses limites, nous sommes nombreux à emprunter d’autres voies pour être heureux. Le cours intitulé Bonheur 101 est fort populaire dans les universités, notamment à Harvard, où le professeur Tal Ben-Shahar dispense «à guichets fermés» son cours qui porte entre autres sur la gratitude, la fixation d’objectifs, les relations, l’estime de soi, l’amour et le lien de l’esprit avec le corps.

Après Franklin, celui qui a exercé le plus d’influence sur lemouvement de la croissance personnelle et du bonheur est peut-être William James, frère du romancier Henry James. Je simplifierai radicalement son oeuvre afin de mettre en relief les liens évidents qui unissent ses croyances à la tradition dont est issu Le Secret. Cependant, à ceux que le sujet intéresse, je conseillerai de consulter les ouvrages qui ont été écrits sur (et par) William James.

Le Secret met de l’avant des idées analogues, mais laisse entendre que la puissance qui est plus forte que nous (que notre ego, en fait) est notre esprit. Le livre propose une solution davantage axée sur l’intérieur: chassez les pensées négatives et remplacez-les par des pensées positives.

James s’est également intéressé aux réalités doubles et à la noétique, laquelle a pour objet le monde de l’esprit. Il a réalisé des expériences avec le chloral, un sédatif, ainsi qu’avec le nitrite d’amyle et le protoxyde d’azote, dans le but d’atteindre des «états mystiques». Se demandant si le moi subconscient ne constituerait pas une ouverture débouchant sur un domaine surnaturel, James a défini ce domaine comme étant la puissance ou l’énergie que beaucoup de gens peuvent plus facilement saisir comme étant Dieu. De même, le fondement idéologique de la pensée métaphysique, notamment celle qui est exprimée dans Le Secret, c’est le sentiment que notre conscient (et, dans certains cas, notre inconscient) crée notre réalité.

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